s.s. nautilus
Journal de bord du Nautilus : 23/01/2023
Dans le fleuve des louanges faites à Avatar 2, j'aimerais faire part d'une réflexion qui va un peu à contre courant de la pensée dominante.

Mes enfants sont allés voir Avatar 2 ce week-end et j'étais moyen chaud de les accompagner. Déjà, à la base, je n'aime pas le cinéma de James Carmeron que je trouve simpliste et extrêmement manichéen. Le seul film à peu près regardable est sans doute Abyss et ça reste lourdingue et surtout je ne pardonnerai jamais à James Cameron d'avoir commis Aliens.

Bref, il y avait une séance de Babylon à la même heure qu'Avatar, donc je les ai laissé à leur hommes bleus et me suis tapé 3 heures de grand n'importe quoi. Y'a quelques bonnes idées et on rit quelque fois mais la mise en scène de Damien Chazelle à base de caméra sur l'épaule et de mouvement rapides pour passer d'un visage à un autre donne rapidement la gerbe et gâche royalement la plupart des scènes. Le rythme est très étrange. Parfois lent au point qu'on le remarque puis ça accélère d'un coup sans raison. Bref je suis pas rentré dedans même si la prestation de Margot Robbie est convaincante.

A la sortie du ciné, j'ai demandé à mes enfants ce qu'ils avaient pensé d'Avatar 2 et ils m'ont dit en gros. "C'était super beau, on a jamais vu des effets spéciaux comme ça".

C'est sûrement vrai. Le problème est que, pour moi, quand on voit les effets spéciaux, c'est que c'est raté. Par exemple, dans Premier contact , on ne voit pas les effets spéciaux, même si ils sont excellents. Sur Pandora c'est beaucoup plus dur car tous les plans sont bourrés d'effets spéciaux car rien n'existe. De ce fait, il n'y a plus de plans qui incluent des effets spéciaux, les plans sont des effets spéciaux.

Ça m'amène à la réflexion suivante. En regardant la bande annonce d'Avatar 2, j'avais l'impression de voir une cinématique de jeu vidéo. Pour un jeu vidéo ça passe et il y en a même de très belles mais une cinématique de plus de 3 heures dans une salle de ciné... La transformation d'un certain cinéma en cinématique est même déjà acté dans certaines expressions. Par exemple MCU (Marvel Cinematic Universes). Je comprends que ça plaise à un public de gamers (mes enfants le sont) mais ça n'a plus rien à voir avec du cinéma. C'est autre chose. C'est bien pour ça que les dernières sorties Marvel et autres super-héros me laissent relativement de marbre (je me suis arrêté à Iron Man 2).

Alors bien-sûr, il reste encore des réalisateurs pour qui le cinéma est encore un art et non un produit de consommation rapide (cinemacdo). Mais une part croissante du cinéma de block-busters ne se préoccupe plus de faire une oeuvre. On planifie des sorties de suites de films un peu comme on tease les sorties de jeux vidéo. Les gens qui travaillent dans ces studios (Disney et autres) le font dans des conditions déplorables (de même que pour les jeux vidéo d'ailleurs). Le réalisateur est devenu un exécutant que l'on peut remplacer à tout moment. Ce phénomène est correlé également au fait que l'on ne se préoccupe plus des conditions de visionnage des films. Comme si regarder un film sur sa télé était équivalent à l'expérience en salle.

En ce qui me concerne je continuerai à aller dans les salles obscures. Je continuerai à boycotter les plateformes de streaming. Je pesterai contre Netflix qui fait de Glass Onion un netfilm et pas un film à part entière.

En espérant que les marchands de temps de cerveau disponible ne parviennent pas à tuer définitivement le 7ème art.

Il y a toujours de l'espoir.