s.s. nautilus
Journal de bord du Nautilus : 27/10/2023
Encore une pépite produite par Arte. Cette mini-série se passe à Mouthe dans le Doubs, la commune la plus froide de France. Un écrivain de polar en panne d'inspiration va faire plus ou moins équipe avec la gendarmerie locale pour essayer d'élucider une série de crime des plus étranges.




L'ambiance est assez indéfinissable. Un peu comme dans certaines séries scandinaves, on hésite entre humour à froid et atmosphère crépusculaire. Jean-Paul Rouve est très juste dans le rôle de l'écrivain qui utilise son expérience des serial killers pour à la fois tenter de résoudre cet énigme policière mais aussi une sombre histoire plus personnelle autour de ses origines. Il y a aussi de l'humour anglais dans les dialogues feutrés et le contraste créé par cette série de crime dans l'univers paisible de la campagne jurassienne. Dans le reste du casting on retrouve l'excellente India Hair , que l'on avait vu notamment dans Des gens bien . Mention spéciale à deux seconds rôles particulièrement savoureux, Ulrich joué par Pierre Lottin , sorte de malfrat inculte, et Mc Cree, joué par Julien Drion, gendarme auxiliaire déjanté.

Cette série par son côté universel a toutes les chances de cartonner un peu partout en Europe et même aux Amériques. La neige fait aussi penser au Grand Nord canadien ou à certains coins paumés des plaines américaines.

Bref un sans faute qui prouve une fois de plus qu'Arte ce n'est pas seulement des documentaires passionnants mais aussi une production fictionnelle très solide.


Journal de bord du Nautilus : 24/10/2023
Un peu de nouveau dans le cinéma grand public. A Hollywood, la tendance est nettement au moins disant artistique et à l'élimination de toute prise de risque avec des productions formatées qui fait que l'on s’accroche à n'importe quelle franchise jusqu'à épuisement total du filon. Cette rationalisation conduit certains studios à envisager d'utiliser l'intelligence artificielle pour créer des scénarios au moindre coût. C'est sans doute l'influence des plateformes de streaming qui rationalise les productions pour maintenir les abonnés captifs dans un tunnel de productions comme la télé essaie de maintenir les consommateurs dans leurs tunnels de pub.

Malgré tout des initiatives trop rares existent encore et font de nouveau espérer même dans le créneau ultra-formaté des blocks busters (ou flop busters ces dernières années). C'est le cas du film The Creator




Le réalisateur de Rogue One nous offre un film de SF très original où l'on assiste à la confrontation entre les humains et les machines mais, à l'instar de l'excellent District 9 , ce sont les robots les véritables victimes exterminés par les humains. La couleur générale du film est assez surprenante. Pas d'univers ultra-technologique lisse et propre mais un futur étonnamment familier. Tournée en asie du sud-est, on retrouve un côté Apocalypse Now dans le traitement de l'ennemi cybernétique assimilé à un sous-humain. Et c'est ce qui frappe dans le film, le côté particulièrement humain et empathique des robots. On se sent immédiatement solidaire de leur combat pour la survie.

Côté technique c'est parfait. Les visages des robots sont vraiment ceux des acteurs, c'est simplement le côté artificiel qui est ajouté en postprod donnant ainsi un rendu parfaitement naturel à l'opposé de production utilise le motion-capture sur les visages (rien ne remplacera le regard de l'actrice ou de l'acteur). Le design des vaisseaux, machines, bâtiments donne lui aussi un côte très naturel à l'ensemble visuel.

Bref, un bien bel objet artistique qui donne des pistes aux producteurs qui auraient encore le courage de prendre des risques. Espérons que ça suscitera d'autres productions de cet acabit.

En attendant, une bande annonce prometteuse d'un film d'animation français. Au départ j'ai cru à la VF d'un animé japonnais...





Journal de bord du Nautilus : 27/04/2023
Après la très bonne série La trêve , le trio magique revient avec une petite pépite.


Comme dans la sublime série américaine Fargo inspiré du film des frères Joel et Ethan Coen, on suit la vie d'un couple de gens ordinaires embarqués dans une spirale infernale d'où ils tentent de s'extraire désespérément.

Chaque réaction des protagonistes est guidée par le besoin de fuir une situation dangereuse, mais elle les embarque par là-même dans une situation bien pire encore.

Comme dans la saison 2 de Fargo, on rit souvent alors que l'ambiance ne s'y prête pourtant pas.

Les deux acteurs incarnant le couple, Bérangère Mc Neese et Lucas Meister font merveille. Le reste du casting est, lui aussi, impeccable avec des guests comme Corinne Masiero ou François Damiens . Mention spéciale à Peter Van den Begin qui joue un truand qui n'est pas sans rappeler le Lorne Malvo de la saison 1 de Fargo interprété par l'excellent Billy Bob Thornton .

On croise aussi pêle-mêle un gendarme cardiaque, une communauté religieuse limite sectaire, une cousine de la reine Mathilde, des gendarmes ordinaires rêvant de grandes enquêtes policières. Bref tout un bestiaire de gens ordinaires mais qui vont vivre des moments extraordinaires.

La première saison se termine sur un nième désastre. Vivement la saison 2 !!!


Journal de bord du Nautilus : 13/04/2023
Le cinéma français retrouverait-il des couleurs ? En tout cas, ce film se révèle très original dans sa forme. On pense à Gangs of New York de Scorsese mais en plus inspiré. Ça lorgne aussi du côté Baz Luhrmann et son Moulin Rouge par l'utilisation de musiques anachroniques qui dynamisent le récit et les scène d'action.

Visuellement très beau. Un casting soigné. Bref, un bon film rythmé où l'on a pas le temps de souffler. On en voudrait plus souvent dans le cinéma français...




Prochain candidat : Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan .
A suivre...


Journal de bord du Nautilus : 13/03/2023
Quelque fois on cède au pessimisme. On fait un bilan des sorties de l'année et on se dit que le palmarès est maigre. Que le cinémacdo des plateformes a mangé tout le reste.

Et puis on rentre dans la salle une du Mélies. On s'assied sur le fauteuil fétiche "Joel Coen ". Le noir se fait et la projection commence...

Et là, le miracle. Empire of Light de Sam Mendes illumine vos yeux. Il raconte l'histoire d'un cinéma dans une cité balnéaire du sud de l’Angleterre dans les années 80. Le cinéma a eu son heure de gloire à la grande époque. Il y avait 4 salles, un dancing, un bar. C'était sans doute le lieu où l'on se rencontrait, où l'on s'aimait, où l'on riait. A présent une seule salle fonctionne encore. Le bâtiment comme les employés sont fatigués, désabusés. Jusqu'à l'arrivée d'un jeune noir qui va faire revivre un peu la magie pendant un court instant, une parenthèse enchantée.

Dans ce monde de béton où le tatcherisme et les skin heads sont les symboles de la décadence et du délitement de la société post-coloniale britannique, Sam nous raconte son enfance, sa passion pour le cinéma avec un grand C. Le nom du cinéma est une parfaite illustration de cet empire en pleine décomposition qui peine à intégrer correctement ses populations éloignées.

Ce film, c'est de l'amour à l'état pur. L'amour fou, l'amour qui rend fou. On se replonge sans nostalgie mais avec bonheur dans ce âge d'or. On note les affiches qui nous ont marquées. Les Elephant Man, les Blues Brothers, les Chariots of Fire...

Tout ce que touche Mendes devient de l'or. Que ce soit la description au vitriol de l'Amérique des surburds dans American Beauty , le film d'espionnage avec Skyfall ou le film de guerre avec 1917 , il ne lui reste plus qu'à s'attaquer à la SF et la comédie musicale !

Les lumières se rallument et on se dit qu'on a passé 2 heures de pure magie. Tant que cinéma produira des Sam Mendes, il y a des raisons de retrouver l'espoir...